lundi 10 août 2015

Ascension du Mont-Aorai, 2066m

Ah le Mont-Aorai ! Souvenez-vous, il y a quelques mois nous avions tenté d'atteindre son sommet (novembre 2014, pour vous remémorer l'article).
" Nous ne resterons pas sur un échec, nous referons cette ascension vers le Mont Aorai, qui offre un panorama à couper le souffle. Alors la prochaine fois, nous prendrons avec nous un réchaud et nos duvets pour dormir au second refuge, que nous n'avons pas atteint, mais qui était visiblement à 15/30 minutes de marche. Puis au petit matin, c'est à la lampe frontale que nous finirons la dernière partie d'ascension afin d'admirer le lever du soleil sur Tahiti, sur le Diadème, sur la baie de Papeete, avec Moorea en toile de fond...". Marie et Rémi, Novembre 2014
Le temps est venu pour nous de retenter cette expérience et d'y arriver cette fois-ci. Nous avons donc soigneusement préparé nos sacs pour deux jours car nous dormirons dans un refuge : duvets, matelas, réchaud (ne pas oublier ni le gaz ni les allumettes...nous n'avons rien oublié nous vous rassurons), la nourriture pour 4 repas (1 matin, 2 midis, 1 soir), ainsi que tous les en-cas (pain, fromage, les cacahuètes - viennent compenser les grosses pertes de sodium lors des efforts - barres aux céréales, compote de fruit "pour enfants" - pratique à transporter !) vêtements chaud + pluie, petite trousse de secours, couverts, gourdes (pleine évidemment), lampes frontales, sac poubelle (reprenez vos déchets avec vous !) appareil photo...

Samedi 8 août : c'est parti ! Nous nous garons au niveau du Belvédère de Pirae. Les choses sérieuses commencent. Nous connaissons bien le parcours, bien que nous ne l'ayons fait qu'une fois. Quelques minutes après le départ, les premiers passages à l'aide de cordes (les premiers d'une très longue série). Puis le chemin devient plus étroit et relativement plat.



Après 1h de marche nous atteignons le Col Hamuta situé à 900 mètres d'altitude. Le paysage est toujours aussi enchanteur ! Nous profitons pour faire quelques photos, manger une barre de céréales et bien s'hydrater, le plus dur reste à venir alors autant ne pas risquer une fringale ! Le chemin serpente dans les forêts. Des arbres sont tombés, ce qui rend parfois le passage difficile avec nos sacs à dos.





Contrairement à la tentative précédente, la chaleur n'est pas là pour peser sur notre avancement, cette fois c'est le poids des sacs à dos qui nous contraints de faire des petites pauses, très courtes, mais régulières afin de soulager nos épaules et dos.

Nous atteignons en fin de matinée, la première étape de la journée : le refuge de Fare Mato à 1403 m. Le vent est frais ici donc petit pull obligatoire d'autant plus que nous sommes statiques puisque nous en profitons pour déjeuner.

D'ici démarre LA randonnée. C'est là que la partie difficile commence. A peine la marche reprit voici déjà les premières arêtes rocheuses à escalader. Une corde sécurise et aide les marcheurs. Un peu plus loin, le fameux Rocher du Diable qui est une arête rocheuse longue de 150 mètres. Endroit délicat où la prudence est de mise, là aussi des câbles et des cordes sont présents. Les nuages sont là nous ne distinguons pas tout à fait la végétation en contrebas mais nous savons clairement qu'en dessous il y a un précipice (parfois ce n'est pas plus mal de ne rien voir en dessous !).



Le Diadème
S'en suit une très longue série de crêtes montantes et descendantes, les murs de terres sont toujours présents ! Que c'est dur ! Mais nous y arrivons, crêtes, après crêtes a les passer les unes après les autres. Nous poursuivons et atteignons le point où nous avons décidé de faire demi-tour lors de notre première tentative d’ascension. Petits sourires sur nos visages, forcement. Cette fois-ci nous avançons vers l'inconnu.



Nous pensions avoir passé le plus dur mais là aussi il y a des pans entiers de murs de terre très raides et glissants. Des racines servent de point d'accroche, nous nous hissons à la force des cuisses et des bras. Dès que nous atteignons le haut de ces murs, nous pensions être arrivés, mais non, à chaque fois, une nouvelle "montagne" de terre à grimper un peu plus loin. Interminable. Les genoux, les cuisses, les mains, les bras souffrent. C'est dur ! Le mental prend le relais. Puis d'un coup, nous entendons des voix ! Nous sommes arrivés vers 16h après une dernière ascension au refuge Fare Ate à 1800m. "Bravo, vous êtes arrivés", voilà, ce que nous disent deux autres marcheurs arrivés un peu avant nous. Quel bonheur ! Il ne fait pas chaud à cette altitude, le vent est frais et il y fait très humide puisque nous sommes en plein dans les nuages. Nous enfilons nos vêtements chauds et installons nos affaires pour passer la nuit ici.

Le refuge, où se trouvent 8 autres randonneurs, est un peu lugubre, quelques rats traitent dehors, et ils manquent des vitres aux petites fenêtres mais si nous cherchions une chambre de luxe, nous ne serions pas ici. Nous avons un toit au-dessus de notre tête c'est suffisant pour la nuit.




Rémi mit de l'eau à chauffer sur le réchaud afin de nous préparer un petit thé. Quand l'eau fut bouillante et nos tasses remplis, nous nous sommes assis dans nos duvets, et engloutissons une bonne tranche de pain.


Le soir venue, c'est à la lampe frontale nous avons préparé notre repas : des pâtes à cuisson rapide, jambon sec, saucisson, cacahuètes, pain et fromage. Le froid est vif et l'air rentre, la porte s'ouvre à la moindre bourrasque de vent. Le brouillard s'est dissipé, plus un nuage à l'horizon Nous en profitons pour admirer les étoiles et la ville de Papeete au loin, illuminée. Nous nous endormirons tous vers 21h après une grosse journée d'ascension. Demain est un autre jour.

Réveil a 4h30 pour certains. Nous décidons de rester encore un peu sous notre duvet. Certaines personnes se sont plaintes toute la nuit de la température et n'ont que très peu dormi. Nous apprenons au moment où nous déjeunons que la température est descendu à 6°c cette nuit. Nous étions bien équipés et nous n'avons jamais eu froid, ni aux extrémités (têtes, pieds, mains). Nous nous préparons dans le froid vif du matin : thé, pain, fromage, compote et céréales, de quoi bien attaquer la journée. Nous laissons nos affaires ici et ne partons qu'avec un sac allégé contenant des en-cas et de l'eau afin d'atteindre le sommet sans être encombré par nos duvets/matelas et cie.

Le soleil pointe le bout de son nez, mais quelques nuages sont présents. Nous admirons Moorea au loin, la ville de Papeete qui se réveille doucement et le silence.







Nous entendons juste notre respiration et le vent soufflant sur les crêtes. Nous nous engageons vers notre but ultime de la journée : l'ascension du Mont-Aorai.

Le vent souffle par rafales, nous avançons tout de même à un bon rythme. Face à nous une succession de crêtes ascendantes et descendantes, proches les unes des autres séparées par des cols très court. Les nuages sont présents et de ce fait nous ne distinguons pas réellement les montagnes face à nous ni ce qu'il y a en contrebas. La sensation est particulière. Les nuages sont au même niveau que nous et parfois même nous sommes au-dessus d'eux. Le vent les pousse et ils arrivent vers nous à toute vitesse pour nos absorber quelques instants. Quelle étrange sensation !



Puis d'un coup une petite éclaircit et là une énorme masse face à nous : la crête sommitale de l'Aorai !


Nous grimpons, nous escaladons les derniers mètres et nous débouchons sur le point culminant à 2066 mètres en une petite heure de marche. Nous avons la même réaction, "Oui ! On y est" ! Les bras levés en l'air, ça y'est ! Nous sommes heureux et un sourire béa se dessine sur nos visages ! Que c'est difficile d'arriver jusqu'ici mais que c'est beau ! Il y a pas mal de nuages, nous arrivons à distinguer le Pacifique à l'infini, Moorea, le plateau des orangers, le Mont-Marau, mais derrière nous, c'est bouché. Nous ne distinguons pas le sommet le plus élevé de Tahiti, l'Orohena. Mais le vent souffle fort, les nuages reviennent nous absorber aussi vite qu'ils s'en vont et donc ne nous laissent pas toujours le temps de prendre des clichés. Qu'importe, nous avons en tête des paysages d'une grande beauté a couper le souffle. Nous sommes toujours autant impressionnés par la beauté des paysages de cette île volcanique, de ses éperons rocheux, de ces crêtes étroites, de cette végétation luxuriante ! Superbes !



Papeete !

Les crêtes du Mont Marau et Moorea au fond
Rémi et son drapeau catalan !
A défaut d'avoir le lion des Flandres ... le drapeau Polynésien !
Au bout d'un bon quart d'heure, nous décidons de prendre le chemin inverse afin de regagner le refuge. Le vent forci et les nappes de nuages sont de plus en plus présentes. Nous avons atteint le sommet au bon moment.



Nous atteignons le refuge, où nous nous changeons, nous prenons un en-cas, et rangeons toutes nos affaires. La pluie a fait son apparition ce qui va s’avérer être une grosse galère dans la descente. Pour les parties raides et très glissantes, nous nous asseyons sur le sol, et nous glissons sur nos fesses en contrôlant notre vitesse et trajectoire. Nous sommes dans un état déplorable, avec de la boue partout et trempés jusqu'aux os. Nous atteignons le premier refuge fatigué, il nous reste encore un peu moins de 3h de marche. Les descentes sont toujours usantes, associés à la fatigue cumulée, au poids des sacs à dos et aux conditions météo, il est bon de redoubler de prudence afin d'éviter les chutes.

Nous atteindrons vers 15h30 notre voiture et nous lancerons un dernier regard vers là-haut avant de rentrer chez nous. Un regard vers ses montagnes où nous étions ce matin même. Que c'est loin... 1416m de dénivelé positif, tout de même et autant donc pour redescendre. Malgré des moments de doute, des souffrances, mais n'avons jamais rien lâché, nous avons tenu bon à deux, nous l'avons fait et ça personne ne pourra nous enlever ces instants de bonheur à l'arrivée au sommet. Nous sommes fatigués, mais heureux d'avoir atteint le sommet de la deuxième plus haute montagne de Tahiti. 

1 commentaire:

  1. Vous nous faites bien vivre vos aventures comme si nous y étions ! Les beaux clichés et les riches commentaires nous épatent toujours autant ...

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