vendredi 9 octobre 2015

Fakarava : l'atoll entre ciel et mer (3ème partie)

Fakarava est réputée pour être un atoll ayant une richesse et une beauté sous-marine exceptionnelle, mais les paysages terrestres le sont également ! Nous nous imprégnions de l’atmosphère de l'île à travers une balade en vélo sous un soleil brûlant ! 

Le village principal de Fakarava est Rotoava et comporte la majeure partie de la population de l'île (850 habitants en tout). En effet, la partie ouest de l'atoll, personne ne peut y habiter puisque c'est une réserve (voir les articles précédents). Quelques habitations sont présentes dans le sud de l'île au niveau de la seconde passe. Mais pas de route pour s'y rendre, c'est uniquement par bateau : 3h pour rallier les 60 kilomètres qui sépare la passe nord à celle du sud. Peu d'habitants, alors ici on va à l'essentiel : une mairie, une poste, un dispensaire, quelques prestataires pour le tourisme (plongée), 3 snacks et 3 boutiques qui vendent des produits de première nécessité. Ici les habitants pêchent leur propre poisson (sur la durée de notre séjour soit 4 jours nous n'avons mangé que du poisson qui était extrêmement bien cuisiné, un délice). Le cursus scolaire s'arrête à l'école primaire, par la suite il faut aller sur Rangiroa, un atoll plus au nord, ou à Tahiti.

Nous passons devant la jolie église catholique au toit rouge et aux murs de chaux en corail blanc éclatant datant de 1951. Le contraste des couleurs est superbe.


Nous assistons comme à Huahine à l'arrivée d'une goélette, l'autre petit nom des cargos faisant la tournée des atolls au départ de Papeete, et qui ravitaillent l'archipel des Tuamotu qui s'étire sur 1500 kilomètres à l'est de Tahiti. Les marins déchargent le fret et embarquent des sacs en toile de jute remplis de coprah, l'or des Tuamotu (la pulpe de la noix de coco séchée) qui est l'activité qui fait vivre tous les atolls. 


L'eau est une source très rare ici et non potable. De ce fait des palettes entières d'eau potable sont déchargées sur le "port". D'ailleurs, près des habitations d’énormes cuves sont présentes. Çà permet de récupérer l’eau de pluie pour l'usage courant. Il n'est pas non plus rare que l'eau pour les douches soit froide si le lieu où l'on réside ne dispose pas d'un chauffe-eau solaire ! Eh oui !

A l'ouest de la ville, à l'approche du récif, on aperçoit entre les cocotiers un vieux phare à l'allure d'un temple inca. Construit en 1957, il avait un but précis : être vu par les îles associées. Pour quelle raison ? En cas de demande de secours tel que des évacuations sanitaires par exemple. Pour se faire, en haut des 27 mètres du phare on y allumait un grand feu. 


Ici, comme certainement sur d'autres atolls, pas d'artifices, pas trop de modernité, rien ou presque rien ne vient perturber l'intérêt que porte l'homme a la nature qui lui apporte tout ! Voilà déjà plusieurs décennies, l'homme avait conscience que l'environnement était fragile et sa préservation vitale car c'était le lagon qui offrait la nourriture. Ils procédaient au rahui, c'est-à-dire une sorte de jachère permettant de laisser le temps aux espèces du lagon de se régénérer.

Nous retrouvons le même système d'accrochage pour les bateaux que dans les îles sous le vent. Ainsi le bateau ne reste pas dans l'eau en permanence. Cela évite la prolifération sur la coque de mollusques et Cie, et donc facilite l'entretien du bateau : pas d'utilisation de produits !


Ici la route est de trois types : une bonne partie en béton, un agglomérat de coraux dès que l'on quitte la seule route de l'île (rues perpendiculaires et l'accès aux maisons), et enfin une véritable route en bitume appelé ici « Route Jacques Chirac»... Cette dernière a été crée sous la motivation de l’ancien président de la Polynésie française Gaston Flosse pour la venue de Jacques Chirac encore président à l’époque ... Mais finalement il n’est jamais venu sur l’île !

La route Jacques Chirac
Nous poursuivons notre route vers des paysages de grande beauté. Une route de corail traverse une végétation faites de fougères, de petits arbustes et de cocotiers encore et toujours. Il règne ici une chaleur étouffante : le très peu de vent présent ce jour-là est chaud !


Mais le paysage à la fin de la route, PK 11 (la passe nord) vaut le détour et nous avons même eu la surprise de voir l'avion de Rémi passer au-dessus de nos têtes !


La côte est balayée par les vents et sauvage. Sur le sol un agglomérat de gros coraux. Quelques cairns nous rappelant les paysages montagneux auxquels nous sommes habitués en métropole trônent devant le récif où les vagues viennent se briser.


Fakarava ou l'atoll que l'on pourrait associer à un mirage. Un havre de paix posé dans le Pacifique parsemé de motu désertiques et paradisiaques, des îlots coralliens balayés par les alizés. Un lagon sublimé par 1000 nuances de bleus. Cette couleur a d'ailleurs inspiré Henri Matisse de passage sur l'île lors de sa venue en Polynésie française. Il affirmait que la couleur était une "libération". La découverte de Fakarava, par le peintre a été si marquante qu'elle a libéré chez lui un nouvel élan créatif. Loin de toute tension du monde en ébullition, décompression totale. Bref, Fakarava ou le rêve éveillé ...

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